mercredi 26 octobre 2011

Exposition "Sempé, un peu de Paris et d'ailleurs"

« Sempé, un peu de Paris et d’ailleurs» ,exposition gratuite à l’Hôtel de Ville de Paris, jusqu’au 11 février 2012.


Depuis cinquante ans le célèbre dessinateur d’humour français Jean-Jacques Sempé a su toucher toutes les populations et toutes les générations. L'exposition "Sempé, un peu de Paris et d'ailleurs" vous invite à voir le monde à travers le regard de cet artiste discret. Ce sont plus de 300 dessins originaux, accompagnés de textes de l'auteur qui seront ainsi présentés à l'Hôtel de Ville. Du 21 octobre au 11 février.



Première rétrospective jamais organisée à Paris, l’exposition Sempé, un peu de Paris et d’ailleurs invite le visiteur à regarder le monde avec cet artiste discret et familier et à (re) découvrir cette petite musique si personnelle qu’il compose, inconsolable et gai, à coup de traits délicats.
Plus de 300 dessins originaux, accompagnés de textes de Jean-Jacques Sempé, donneront au visiteur l’occasion d’apprécier la richesse et la virtuosité d’une oeuvre riche et légère qui oscille entre humour et poésie.

Parce qu’il pardonne au vaniteux, encourage le teigneux, envie le bienheureux, Sempé flirte avec la philosophie et la psychanalyse mais prend ses distances avec l’esprit de sérieux pour mieux appréhender ce « presque rien » où se joue une certaine idée de la vie et de la mort.

Chaque dessin nous invite, l’air de rien, à l’introspection : c’est le mystère de ce talent unique que l’exposition Sempé, un peu de Paris et d’ailleurs souhaite délicatement révéler.





Vidéos:

Exposition Sempé  sur Daily Motion
Rencontre avec Sempé sur Daily Motion


Sempé, un peu de Paris et d'ailleurs
Du 21 octobre 2011 au 11 février 2012
Exposition gratuite à l’Hôtel de Ville
Salle Saint-Jean
5, rue de Lobau
75004 Paris
Tous les jours sauf dimanches et fêtes de 10h à 19h
Dernier accès à 18h30.
Catalogue de l'exposition : 35 €


Biographie
Jean-Jacques Sempé, dit Sempé, est un illustrateur français né le 17 août 1932 à Bordeaux.

Le début de la carrière de Sempé

Sempé commence sa carrière de dessinateur par la presse. D'abord à Bordeaux où Sud-Ouest Dimanche publie en 1950 ses premiers dessins. Ensuite à Paris où il tente de placer ses dessins dans les journaux. Jean-Jacques Sempé collabore alors à de nombreux titres : Ici Paris, France Dimanche, Samedi Soir, Noir et Blanc, Le rire, etc. Dans Le Moustique, journal belge pour enfants, il publie les premiers dessins du Petit Nicolas. Dans Paris-Match, il participe à la dernière page en compagnie de Chaval, Bosc, etc. C’est Françoise Giroud qui lui offre une première collaboration régulière dans L’Express, où il porte un regard décalé sur l’actualité.

Son rapport à Paris

À son arrivée à Paris, Sempé s’installe rapidement rive gauche. Entre Montparnasse et Saint-Germain des Prés, il promène sa curiosité dans des lieux qui l’apprivoisent (Chez Lipp, le Café de Flore, la Closerie des Lilas, Chez Castel, le jardin du Luxembourg, etc.) et se lie d’amitié avec Françoise Sagan, Jacques Tati, Jacques Prévert, Raymond Savignac, René Goscinny…

Fasciné par la capitale, Sempé saisit avec délectation les courbes d’un immeuble haussmannien, la poésie d’un autobus à plateforme ou le calme du jardin du Luxembourg. Attendri, il observe les amouruex, s’amuse d’une actualité qu’il regarde de loin en moquant gentiment la foule du métro, la circulation, les manifestations, ou les gros titres des kiosques à journaux.

À la découverte de New York
Sempé découvre New York en 1965. Il y reste une quinzaine de jours et passe plusieurs fois devant l’immeuble du New Yorker sans oser y entrer, il y reviendra plusieurs années plus tard, après avoir réalisé sa première couverture pour le New Yorker. À la demande de William Shawn, directeur du quotidien, il crée "Par Avion", équivalent américain de Monsieur Lambert où il dit sa vision de l’Amérique.




Un jour, le directeur artistique du New Yorker était allé à Londres, pour une exposition. Les journalistes anglais lui avaient posé la question : — Qu’est-ce qu’il faut pour qu’un dessin fasse la couverture du New Yorker ? Il avait réfléchi et répondu : — Ce qu’il faut pour qu’un dessin soit une couverture du New Yorker ? C’est que le New Yorker le reproduise et en fasse sa couverture. Là, ça devient une couverture du New Yorker. Ce n’est pas du tout stupide, ce qu’il a dit. C’était étrange, mais c’était ça la vérité. On ne sait pas ce que c’est, mais il faut que ce soit. »

Depuis son premier numéro, publié le 17 février 1925, le New Yorker s’est affirmé comme un magazine totalement original, unique dans la presse mondiale, le magazine fondé par Harold Ross et son épouse a su rester fidèle, au fil des ans, à sa tradition d’impertinence et de sophistication décalée.

Depuis 1978, Sempé a réalisé plus de cent couvertures pour le New Yorker. Elles permettent de découvrir une autre facette de son immense talent . Grâce à des oeuvres en couleurs et sans légende, le dessinateur devient peintre de l’âme, saisissant des instants fugaces où s’entremêlent l’humour, le rêve et la poésie.

L'humour de l'auteur

Au fil du temps, le travail de Sempé évolue, trés vite s’y adjoint un regard plus profond sur la société. Chaque dessin est construit comme une nouvelle mettant en lumière les comportements humains ou les doutes existentiels. Ce catalogue raisonné de nos faiblesses, maladresses et solitudes, met le lecteur en joie, qui voit dans l’âme de chaque personnage un miroir de ses propres fragilités.

En quarante albums, de 1962 à 2010, le dessinateur de presse est devenu un auteur reconnu qui ausculte le corps social avec compassion mais sans apitoiement.


Trois événements rendent hommage au talent de Sempé

L'exposition rétrospective de son oeuvre.
Du 21 octobre 2011 au 11 février 2012.
Plus de 300 dessins originaux réunis à l’Hôtel de Ville de Paris.
Catalogue de l'exposition aux Éditions Martine Gossieaux.

Un livre, Enfances, parution le 15 septembre.
Sempé y offre sa vision de l’enfance, dans une longue interview
et grâce à plus de 90 % de dessins inédits, réalisés entre 1960 et 2011.
Éditions Denoël / Martine Gossieaux, 280 pages.

Un documentaire, Sempé, dessinateur d'humour.
Diffusé sur France 5 (collection Empreintes), courant octobre.
Sempé, pour la première fois, y révèle les secrets de son travail.


Sempé : "La nostalgie me fait rire"LE MONDE DES LIVRES


Ça commence avec des baffes et des torgnoles... Ou plutôt non, ça commence par le commencement. Avec un bébé. Un beau bébé même, selon les critères de ces années-là. "Un bibendum blanchâtre et adipeux", "un gosse bien gros, alourdi par du lait trop riche". C'est ainsi que se décrit Jean-Jacques Sempé. Il vit à Bordeaux. Nous sommes dans les années 1930. Et sa mère a décidé de le présenter à un concours d'enfants - un peu comme on montrerait un petit veau dans un comice agricole ! "Eh bien, figurez-vous que j'ai gagné ! Oui. -J'étais... le plus beau bébé de Bordeaux ! Sauf qu'on a découvert ensuite que j'avais des piqûres de puces et on m'a retiré le prix. Voilà... Vous avez devant vous... le plus beau bébé de Bordeaux. Déclassé !"
Nos cécités et nos vanités d'adultes, nos glorioles éphémères et le minuscule détail - la puce - qui fait tout capoter, le dérisoire et le cocasse mêlés, les bébés moches et les éclats de rire...
Sempé allume une cigarette, très longue, très fine. Il tousse fort. "Après ça, c'est vrai, mon enfance n'a pas été follement gaie." Un père adoptif qui vend des boîtes de pâté et qui y va fort sur le quinquina. Une mère qui lui en veut de boire et de rapporter si peu d'argent. Des scènes à n'en plus finir. Des beignes comme s'il en pleuvait... "Quand je voyais une mère embrasser un copain, je fondais. Moi, tout ce que je recevais, c'était des torgnoles ! Il y avait une expression de ma mère, je peux vous la faire avec l'accent bordelais : "Approche un peu, approche, que je te donne une gifle que le mur t'en donnera une autre !" Elle tapait si fort que ma tête ribouldinguait contre le mur et ça me faisait deux baffes, une à l'aller, l'autre au retour."
Sempé raconte cela dans le magnifique entretien qu'il a accordé à Marc Lecarpentier et sur lequel s'ouvre son nouvel album, Enfances"Ah... Vous l'avez lu ?, dit-il, angoissé. Marc a réussi à m'extirper des choses... Je regrette toujours... Ce n'est pas une question de modestie, mais dans ces cas-là, je ne sais jamais si c'est intéressant..."
C'est comme le dessin auquel il travaille ce jour-là. "Comment le trouvez-vous... ? Non, ça va ?", demande-t-il avec une inquiétude non feinte. On veut savoir ce qu'est, à ses yeux, un dessin réussi. "Eh bien, c'est très simple, dit Sempé. Quand il est loupé, ça se voit tellement qu'on ne peut en conclure que ça : qu'il est loupé. Réussi, je ne sais pas ce que ça veut dire, mais loupé, ça, j'en suis certain..." Il est penché sur sa table entre un pot de confiture Félix Potin qui contient ses pinceaux, des dizaines de petits carrés d'aquarelle éparpillés, un chiffon plus très blanc et des piles de papier Sennelier - "Ne m'en parlez pas. Le papier que j'adorais, "La Vie technique" de Canson, ne se fait plus. Pourtant, soupire-t-il (on dirait qu'il parle des jambes d'une femme), quel grain ! Et en même temps si lisse..."
On revient au dessin. Un portrait de Marguerite Duras que lui a commandé "Le Monde des livres" et qui illustre la "une". Il n'est jamais allé à l'Hôtel des Roches noires et pourtant tout y est. "Je me suis imaginé qu'il faisait froid parfois à Trouville. Et puis elle me donnait l'impression d'une petite dame un peu frileuse et très orgueilleuse."
La connaissait-il ? "Non, je l'ai faite d'imagination, comme tout ce que je fais et qui naît, ici, sur cette table. Mais, à la radio et dans ses écrits, elle m'a toujours eu l'air assez sûre d'elle, non ?" Nous parlons de Nathalie Sarraute qui lui enviait cette confiance. "Sarraute, je l'ai connue d'une façon curieuse. Nous prenions le même autobus lorsque j'allais chez mon rhumato, qui était celui de Belmondo, et nous bavardions. Un jour, elle m'a dit qu'elle aurait aimé faire ce que je faisais. J'ai trouvé ça amusant qu'une femme écrivain ait envie de faire du dessin humoristique." Et lui, Sempé, qui a travaillé avec tant d'écrivains dont Modiano et Süskind ? Lui dont les légendes sont comme des micro nouvelles polies avec amour : n'a-t-il jamais eu le désir d'écrire ? Il avoue avoir "au moins 200 débuts d'histoires" dans ses tiroirs."Mais ce ne sont que des débuts... Parfois ça peut durer des années, j'arrête puis je reprends, comme pour Raoul Taburin."
Sarraute nous ramène à Enfance. Ou plutôt à Enfances. Lorsque, pour fuir le réel, le jeune Jean-Jacques s'inventait une autre vie. A 12 ans, il s'évade avec la musique (Ray Ventura, Ravel, Debussy), écoute la radio, lit L'Illustration et, bien sûr, dessine (de préférence des enfants heureux). A 19 ans, il fréquente le centre d'information américain de Bordeaux, découvre The New Yorker - "le meilleur journal pour ceux qui ne savent pas lire" - et ses dessinateurs prestigieux, Chas Adams, Saul Steinberg, Sam Cobean... "Ça a été un choc", dit-il sobrement. A l'époque, il rêve d'en faire autant mais craint de ne jamais leur arriver à la cheville... Et aujourd'hui qu'il est l'un d'entre eux, l'un des rares artistes français à collaborerau New Yorker, que ressent-il ? Un pincement de coeur devant le chemin parcouru ? "Si chaque couverture devait en être un, ça ferait beaucoup de pincements. J'ai fait 103 couvertures pour le New Yorker ! Mais c'est vrai qu'à chaque fois qu'elles sortent, je suis tout joyeux..."
Il croit à la joie, Sempé. C'est en tout cas ce qu'il assure. A la "joie", à l'"empathie"et même à la "bonté""Vous croyez que la bonté existe ?", demande Marc Lecarpentier dans Enfances"Les gens ne sont pas bons mais la bonté existe et il y a des êtres qui l'attrapent", répond Sempé. Et le doute ? Est-ce pour lui un moteur ? "Bien sûr ! Quand on racle le chaudron du doute, on a parfois la chance de trouver quelques grumeaux intéressants." Un exemple ? "Il faudrait que vous restiez plusieurs jours. On va vous installer un lit et, dans quinze jours, je vous réveillerai en vous disant : "Ça y est, j'ai un grumeau intéressant !" On le goûtera ensemble et vous me direz..."
Le soleil se couche sous l'immense verrière et Sempé n'a pas très envie de spéculer sur le doute. Moins encore sur la nostalgie, cette sacro-sainte nostalgie qui colle à son image comme un caramel mou. "Le mot, dit-il, m'a toujours fait rire. Connaissez-vous un artiste, un carrefour, une petite place qui ne soit pas nostalgique ? Tout est nostalgique. J'admire celui qui a dit : "L'homme est un animal inconsolable et gai.On est les deux. Regardez cette petite bonne femme sur sa pile de livres (il montre Duras). Elle scrute l'horizon parce qu'à mon avis elle cherche toujours. Et moi ? Si je cherche toujours ? "Oui, hélas, ma chère..." Et je cherche quoi ? "A continuer, ma chère... Je cherche à continuer.""

Florence Noiville


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