lundi 18 août 2014

Quand une affiche vaut mille mots

Une entrevue de François Lévesque avec le designer graphique Alexandre Renzo dans Le Devoir.


Extrait:


Vous approche-t-on directement pour la conception d’une affiche ?

Habituellement, le distributeur du film lance un appel d’offres et plusieurs boîtes soumettent des propositions. On nous remet alors un cahier des charges. Souvent, on assiste à une projection privée du film. […] Après, en équipe toujours, on essaie de voir quel aspect on pourrait mettre en valeur. Personnellement, je ne raffole pas de l’approche voulant qu’on résume tout le film dans l’affiche en la surchargeant d’éléments. Je préfère extraire une ambiance, un sentiment… l’essence, quoi. Représenter, platement, ça donne une affiche convenue dont les gens ne se souviennent pas.

En moyenne, on soumet entre dix et douze propositions ; certaines sont des déclinaisons d’un même concept. Les photos de tournage, qui sont réalisées pendant la production par des photographes de plateau, constituent une matière première abondante — jusqu’à 1000 photos. Parfois, on génère nous-mêmes le matériel visuel. Par exemple, pour l’affiche de Continental, un film sans fusil, on a trouvé une chambre de motel semblable à celle du film. J’avoue que j’ai une prédilection pour cette façon de faire, qui offre plus de liberté.




L’une de vos premières affiches fut celle des Invasions barbares. C’est ce qui s’appelle commencer en lion.

C’était en janvier 2003. Je terminais l’université et je faisais de la pige. On m’a dit que Denys Arcand connaissait un de nos professeurs de design, qui lui a fourni quelques noms. Des étudiants ont ainsi pu tenter leur chance aux côtés de boîtes établies. On a tous été conviés à un visionnement privé aux locaux de l’ONF. Je vais me rappeler de ce moment-là toute ma vie. Denys Arcand présentait son film pour la première fois et il était très ému.

L’idée de la jaquette d’hôpital et des fesses exposées, je trouvais que ça évoquait bien l’esprit du film, qui est à la fois tragique et drôle. Dans les faits, une amie infirmière m’a fourni du matériel hospitalier : un soluté, la jaquette… Un ami dévoué a servi de modèle. Je l’ai pris en photo dans mon salon avec un appareil numérique relativement bas de gamme. J’ai failli rater la date de tombée. L’heure limite était midi et j’ai dû déposer à moins une. À trois heures cet après-midi-là, j’ai reçu un coup de fil m’annonçant que sur 80 propositions, c’est la mienne qui avait été retenue. Par la suite, une séance de photo professionnelle a été organisée et on a reproduit le concept avec une image en meilleure résolution, mais tout à coup, c’était trop de détails, alors on est finalement revenu à la photo de la maquette originale. Donc, non, ce ne sont pas les fesses de Rémy Girard sur l’affiche [rires].

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