lundi 4 septembre 2017

BD: le retour du vieux stock

Fabien Deglise dans Le Devoir.

Élixir X de Réal Godbout et Pierre Fournier

Par manque d’imagination ? Par peur de la nouveauté ? Par pur opportunisme commercial ? Pour toutes ces raisons ? 

D’ici la fin de l’année, une jolie brochette d’anciens du 9e art va se rappeler au bon souvenir du présent en poursuivant l’écriture d’aventures et la construction d’univers dont les bases ont été posées pour la plupart au siècle dernier. 

Petit panorama de cette quête de réconfort dans la réminiscence du passé et dans la stabilité du prévisible…

Au coeur de ce bal des grands retours, Astérix, personnage mis au monde par Uderzo et Goscinny, va sans doute occuper une place de choix avec le lancement mondial le 19 octobre prochain de la 37e de ses aventures. 



Astérix et la transitalique (Éditions Albert René) — c’est son titre — poursuit la collaboration entre Jean-Yves Ferri au scénario et Didier Conrad au dessin qui, en 2013, se sont fait remettre les clefs de la maison par Albert Uderzo pour faire persister dans le temps l’opposition du petit Gaulois et de son ami pas gros mais enrobé avec les Romains. 

C’est d’ailleurs sur la terre de leurs ennemis, l’Italie, que va se jouer ce nouveau chapitre, au-delà de Rome toutefois, où les personnages sont déjà allés, dans des régions transalpines pas toujours favorables à César, dit-on.

Octobre va aussi marquer le retour de Red Ketchup, antihéros sympathique mis au monde en 1981 dans le magazine Croc avant de devenir l’agent autonome de ses propres aventures en 1983 dans la revue Titanic, et qui va se dévoiler dans un délire inédit intitulé Élixir X (La Pastèque). 

L’histoire, mettant en vedette la soeur du héros et une substance relevant de la fontaine de Jouvence, avait été laissée en plan par Réal Godbout et Pierre Fournier, les créateurs du personnage, il y a plus de 20 ans. 

Contrairement à l’instabilité psychologique du héros, l’interruption n’aura pas été définitive.

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Paul à Montréal (La Pastèque), une mise en album « augmentée » de dessins et d’anecdotes, des cases qui composent le parcours urbain créé par l’auteur dans les rues de Montréal à l’occasion du 375e anniversaire de la métropole.

 

Parmi toutes ces valeurs sûres, certaines s’annoncent peut-être un peu plus inspirantes que d’autres. Des noms ? 

Blutch — Christian Hincker pour l’état civil français —, un véritable passionné de bandes dessinées, va en faire la démonstration dans Variations, oeuvre très attendue cet automne, dans laquelle il revisite, redessine, complète ou modifie des fragments puisés dans les univers de ses héros : Franquin, Morris, Manara, Jacobs, Goosens… 



« La bande dessinée me laisse perplexe, écrit-il en guise d’introduction. Après trente ans de travaux publiés, je n’ai jamais réussi à me mettre d’accord sur son compte […] et je suis bien obligé de le reconnaître, au fond, je n’y comprends rien. » Jolie entrée en matière.

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Cet automne, il y a ce qu’il faut remarquer, mais il y a aussi plusieurs créations qui pourraient être remarquables. 



La rencontre de François Schuiten et Benoît Sokal dans Aquarica (Rue de Sèvres) risque d’en faire partie, comme l’introspection sur l’identité et le genre par Julie Delporte dans Moi aussi je voulais l’emporter (Pow Pow), comme aussi Les saisons de Montréal (La Pastèque) de la jeune illustratrice Raphaëlle Barbanègre ou encore Une histoire de cancer qui finit bien (La Pastèque) de Marianne Ferrer et India Desjardins. 


L’album met magnifiquement en dessin la vie réelle d’une jeune fille de 15 ans qui a la leucémie, avec des moments durs et, comme une promesse posée dans le titre, une histoire d’amour et de l’espoir à la fin.

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